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courage de me fâcher contre les facchini ; mais c’est un goût que tout le monde n’a pas, et j’ai vu des étrangers que ces petits manèges irritaient jusqu’à écumer de rage.

Un jour, sur le quai de Sainte-Lucie, je payais le prix d’une commission au cours du tarif, et, selon l’habitude, le facchino insistait pour avoir davantage. Un autre facchino se jeta aussitôt sur lui, le battit à grands coups de poing en lui reprochant sa cupidité. Il fallait, disait-il, se contenter du prix fixé par l’usage et le règlement. Ceux qui demandaient plus étaient des importuns qui ennuyaient les excellences et gâtaient le métier. Séduit par le bon sens et le zèle de cet homme, je lui donne la préférence sur ses confrères, et j’envoie par lui une carte de visite que j’allais porter moi-même. Il part en courant et revient au bout de cinq minutes. Je tire aussitôt le carlin voulu par le tarif, et je le lui présente.

— Votre seigneurie me prend pour un autre. Voyez comme j’ai une belle veste. Ce sont des gueux et des vauriens qui courent