Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/139

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ne m’aurait plus rien rendu. Avoir de l’argent sous les yeux et n’en pas prendre lui était absolument impossible. Elle serait allée à Capo-di-Monte pour m’obliger, et peut-être sans demander le prix de sa peine ; mais si je lui confiais une piastre, elle en mettait la moitié dans sa poche, et on l’eût plutôt coupée en morceaux que de lui arracher ce qu’elle avait pris. La puissance divine de l’instinct triomphait de tout, et avec si peu de déguisement, que j’en venais moi-même à la respecter, tant il y a de différence entre ce qu’on fait par réflexion ou ce qui tient au fond du caractère et à l’empire de la nature. Une leçon sévère pourra corriger un fripon français ; le fripon napolitain est incurable ; il trompe par ordre d’en haut, comme l’hirondelle voyage et comme bâtit ce pauvre castor du Jardin des Plantes qui, n’ayant pas de matériaux, pétrit sa nourriture pour ébaucher des maisons.

La bonne humeur et l’insouciance de l’avenir se respirent avec l’air de Naples ; le bien-être, la gaieté ou la paresse, selon les heures