Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 145 —

fût-elle dénuée de toute probabilité. Un de mes amis achetait, chez un marchand de vieilleries, un poignard rouillé. En sortant de la boutique, son emplette à la main, il est abordé par un homme pétulant qui lui propose toutes sortes d’armes, des casques, des cuirasses, des hallebardes, en le suppliant de l’accompagner jusqu’au magasin où sont ces merveilles. Le signor français a beau assurer qu’il ne veut plus rien ; que, s’il en avait eu besoin, il aurait trouvé précisément des hallebardes à côté de son vieux poignard ; le courtier improvisé poursuit son discours avec une volubilité croissante. Enfin, voyant que son acheteur se dirige par hasard du côté du magasin d’armes, il le devance et court de toutes ses jambes. À cinquante pas de là, le Français aperçoit, en haut d’une maison, son courtier allongeant la moitié du corps en dehors d’une lucarne, le casque en tête, des épées et des dagues dans chaque main, frappant ces ferrailles entre elles, et criant comme un aigle. L’étranger passe avec un sang-froid désolant ;