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écouter, pressant contre la muraille des groupes de quinze personnes, ou renversant les chaises des bonnes gens qui prennent le frais et qui de leur côté voudraient occuper la rue entière. Au milieu de ce mouvement, tout s’arrange pour le mieux ; les cochers sont habiles, et il arrive peu d’accidents. L’aquajolo, sur son reposoir de bois, la tête encadrée au milieu des chapelets de citrons, débite à grands cris son eau à la neige et sa limonade. Le pêcheur, qui a passé la nuit sur la mer, le trident à la main, vocifère encore le jour pour vendre quelques poissons. Un marchand d’allumettes fait plus de bruit que si sa pacotille valait de l’or. Que de peines pour gagner de quoi traîner sa vie jusqu’à demain ? Et quand on s’est épuisé, quelle récompense trouve-t-on ? Un morceau de pain, un verre d’eau, et la misère de la veille, fidèle à son poste ; mais on rit, on chante et on dort bien.

Une foule de pauvres diables, toujours aux aguets, prennent feu aussitôt qu’ils entrevoient la chance d’un gain chétif, cette chance