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courage. La vertu peut mourir ; sa récompense l’attend dans le ciel ; mais le crime et le vice ne doivent point finir heureusement. Jamais un mauvais sentiment ni une action infâme ne peuvent se produire, si elles ne sont accompagnées de malédictions et d’infortunes. Le public, tout humain et par conséquent tout imparfait qu’il est, apporte à la séance une imagination pure et un cœur honnête. Si un parleur s’avisait de flatter les mauvais penchants de l’auditoire, il s’exposerait à être lapidé, car le peuple napolitain a un instinct naturel des règles de l’art. Son goût dominant est le merveilleux, l’héroïque, les poèmes soutenus par un débit harmonieux. Le manque d’éducation le fait ressembler à un enfant, mais à un enfant plein d’intelligence. Il écoute pour la dixième fois la même histoire avec autant de plaisir que le premier jour, et probablement, si le déclamateur changeait un passage ou manquait de mémoire, il serait repris ou soufflé par le public. Combien de fois Renaud est-il resté enlacé par les séductions d’Ar-