Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/164

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mide ! On sait bien qu’il doit finir par briser ses chaînes ; cependant, lorsque le rinaldo interrompt le discours, et déclare qu’il ne délivrera point le chevalier si on ne se cotise pour fournir une somme de quelques grani, on fouille dans sa poche, et on en tire ce qu’on peut, afin que le charme soit détruit et la terre sainte délivrée des infidèles.

Quand le rinaldo puise son sujet dans l’Arioste, la folie de Roland excite de grandes sympathies. On palpite d’émotion et d’intérêt en voyant l’homme généreux égaré jusqu’à la fureur par une passion. Assurément le Napolitain qui a fait un mauvais coup songe à Roland, et se demande si quelque enchanteur n’a pas mis sa raison dans une fiole. Lorsque le génie du poëte s’endort pour un instant, comme autrefois celui d’Homère, l’auditoire patient attend avec docilité le moment du réveil, et son imagination se repose volontiers pour laisser l’oreille jouir de la cascade des mots mélodieux. Peut-être, si on le prenait encore ému par le récit d’un trait sublime