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nies par une foule de gens. Si vous achetez une boîte d’allumettes, vous y trouvez des vers italiens qui vous recommandent la loterie : strada sieur a ad arrichire è il lotto. C’est le chemin sûr de la richesse. Suivent trois numéros, garantis excellents par le marchand.

Moitié par badinage et moitié sérieusement, les gens du monde cultivent aussi la loterie. On a chez soi le livre magique, et on ne fait pas un rêve sans le consulter. J’ai vu une dame élégante et spirituelle s’amuser à feuilleter la Smorfia, se monter peu à peu la tête, et envoyer un domestique au bureau de loterie avec une piastre et trois numéros inscrits sur un papier. Dans les jours néfastes, marqués par un accident ou un crime, on commence par déplorer le malheur, et puis on s’en console en essayant si la vera sorte ne serait pas cachée dessous.

Le samedi, à cinq heures du soir, le tirage de la loterie se fait avec une solennité imposante. La magistrature et le clergé y sont représentés par des personnages respectables. Un prêtre bénit l’urne où sont les numéros,