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danseuses, a prouvé que par ces belles mesures on améliore fort peu les mœurs. Dans ce temps-là les directeurs des beaux-arts n’en savaient pas long, puisqu’ils ignoraient que la décence est dans la personne et le jeu de l’artiste, et non pas dans la coupe de ses jupons.

Depuis le mois de mai dernier, les théâtres de Naples ont eu un surcroît d’embarras. Le mot Dieu, le mot enfer, et plusieurs autres considérés comme essentiellement chrétiens, sont bannis de leur vocabulaire. On ne peut plus les prononcer sur la scène ; le théâtre, étant païen, ne doit user que du dictionnaire antique. Que vont devenir les o Dio ! ces pierres fondamentales du récitatif ? Que deviendront les phrases toutes faites ? On ne pourra donc plus avoir l’enfer dans le cœur ? Il faudra donc que les auteurs de libretti cherchent des paroles nouvelles, qu’ils aient des idées, se creusent d’autres ornières, ou se servent de mots divers pour exprimer des sentiments différents ? C’est exposer l’art à une mort subite. Certes, il est nécessaire que la religion soit