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vres victimes en les frottant d’huile et en les poussant avec force, au risque de les meurtrir et de les blesser. À côté de la buca, vous verrez aussi un tronc sur lequel on lit cette inscription : « Madri che qui ne gettate, siamo racommandati alle vostre limosine. — Mères qui jetez ici vos enfants, nous nous recommandons à votre charité, » triste avertissement des souffrances qui attendent la créature prête à tomber dans cet abîme. L’hospice reçoit de deux à trois mille enfants par année. Les deux tiers environ meurent en bas âge ; l’autre tiers demeure à l’Annonciade jusqu’à sept ans. Quelques-uns sont demandés et emmenés par des hôteliers, des patrons de cabarets, des nourrisseurs ou des cultivateurs, qui viennent chercher à ce bazar des camerieri, des valets d’écurie ou des servantes sans gage, dont ils font de véritables esclaves. D’autres enfants plus heureux sont recueillis par des gens dévots ou charitables. À l’âge de sept ans, les garçons vont à l’alhergo dei poveri, vulgairement appelé le Sérail, où on les fait