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travailler. Les filles restent à l’hospice. On leur enseigne divers métiers. Les unes se marient le jour de l’Annonciation, comme vous l’a dit votre barcarole de ce matin ; les autres vont excercer quelque profession, et celles qui ont de la piété entrent dans un couvent.

Il y a environ seize ans, la sœur Sant’-Anna, étant de service à la buca pendant la nuit, recueillit une petite fille d’une beauté remarquable. L’enfant paraissait âgée de trois mois, et au lieu de crier comme la plupart de ces pauvres créatures, elle jouait paisiblement avec la coiffe et le voile de la religieuse. Le lendemain, on l’inscrivit sur le livre de l’hospice ; on lui mit au cou, selon l’usage, un cordon scellé avec du plomb, portant le numéro du registre, et on l’appela Antonia, parce qu’elle avait fait son entrée à l’Annonciade le jour de la Saint-Antoine. L’institution des Trovatelli fournit aux petits êtres dont elle se charge le lait d’une nourrice ou d’une chèvre ; mais elle ne peut suppléer à la tendresse d’une mère. Ces enfants, privés du sentiment