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de la protection maternelle, sont presque tous craintifs et comprimés. L’âge de raison, en leur apportant la connaissance de leur origine, achève d’avilir leur caractère. Quelques-uns seulement, d’un esprit plus fort et plus noble, résistent à l’opprobre et aux mauvais traitements ; ceux-là deviennent farouches. Antonia était du petit nombre de ces enfants indociles, et pour cette raison je la crus meilleure que les autres. C’était aussi l’opinion de la sœur Sant’-Anna, qui aimait passionnément sa protégée. Malheureusement la règle de l’hospice et les devoirs de la charité ne lui laissaient pas le temps de s’occuper d’Antonia. L’isolement et la nécessité de se défendre développaient l’énergie de cette petite fille au préjudice de sa sensibilité. Le cœur d’Antonia s’ouvrait pour un instant aux caresses de la bonne religieuse, et se refermait ensuite. Elle s’habitua ainsi à considérer la vie comme un état de guerre perpétuelle, où l’on ne doit pas d’affection aux autres, puisqu’ils ne vous en acccordent point.