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on me présenta les petites filles de sept ans les plus estimées des religieuses à cause de leur douceur et de leur docilité. Je cherchais une physionomie qui me plût ; la beauté d’Antonia me frappa au premier coup d’œil. Je demandai pourquoi on ne la mettait pas sur les rangs. On me répondit qu’elle avait une mauvaise tète, ce qui augmenta mon envie de la connaître.

— Mon enfant, dis-je à Antonia, voulez-vous quitter cette maison et venir demeurer avec moi ? Je vous aimerai et j’aurai soin de vous.

— Signora, répondit la petite, on vient ici tous les jours chercher des enfants dont on fait des servantes, et moi je ne veux pas servir.

— Voyez quel orgueil ! s’écrièrent les religieuses.

— Vous ne serez pas servante, repris-je ; vous serez ma fille.

— Alors, je le veux bien ; mais à condition que vous me ramènerez quelquefois voir la sœur Sant’-Anna.