Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 233 —

Dans ce moment la sœur Sant’-Amia parut. Elle devina ce qu’il arrivait et saisit l’enfant dans ses bras :

— Tu vas suivre la signora, dit-elle en pleurant. La madone exauce mes prières. Tu seras heureuse, mais je te perds.

Oibo ! s’écria Antonia, je suis plus fine que vous ne pensez. Je ne partirai point si la signora ne veut pas promettre de me ramener vous voir. Vous allez me dire si elle promet comme il faut et si nous pouvons la croire.

Je donnai ma parole de manière à satisfaire l’enfant et la religieuse. La sœur Sant’-Anna, toujours pleurant, me baisa les mains en me recommandant sa fille chérie. Antonia monta résolument dans ma voiture, et nous partîmes. Je n’ai pas à me reprocher d’avoir manqué de soins pour cette petite fille ni d’avoir négligé son éducation. J’y attachais d’ailleurs une idée que vous pouvez appeler superstitieuse. 11 fallait qu’ Antonia fût heureuse et bonne. Son esprit indépendant ne m’effraya pas d’abord. Ce n’était encore que