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avec ma fille adoptive. Elle y passa l’hiver au milieu d’une société aimable, fort courtisée par des jeunes gens qui auraient dû lui plaire, et dont elle recevait les hommages avec une brusquerie et une humeur rétive qui éleva plus d’une querelle entre nous. En revanche, lorsque je la promenais en barque sur la mer, elle engageait des conversations avec les rameurs, leur adressait des œillades et se mettait en frais de coquetterie, à mon grand déplaisir. Un dimanche, à l’église de Santa-Chiara, nous vîmes qu’on célébrait une messe de mariage dans une des chapelles latérales. Avec ses yeux de lynx, Antonia reconnut son ancien amoureux Geronimo, conduisant à l’autel une jolie personne coiffée du voile des épousées.

— Le traître ! s’écria-t-elle, il se marie ! Cela prouve bien qu’il ne m’aimait pas.

— Si l’un de vous deux a trahi l’autre, lui dis-je, ce n’est pas le pauvre Geronimo, et, s’il ne t’aimait point, cela est fort heureux pour lui. Voudrais-tu qu’il restât garçon toute sa vie ?