Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/260

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— Je n’en serais pas fâchée.

Antonia sortit de l’église dans une rêverie profonde. Je pensai qu’elle faisait des réflexions sur sa folle conduite, mais je découvris bientôt qu’une nouvelle folie la tourmentait. Le soir, elle me pria sérieusement de la marier tout de suite, fût-ce avec un barcarole. Je lui imposai silence et la menaçai de la mettre au couvent. Il paraît que ce mot de couvent lui inspira une frayeur terrible, et qu’on l’entendit gémir et pleurer pendant la nuit. Le lendemain, à l’heure du déjeuner, Antonia ne descendit point. Je l’envoyai appeler ; on vint me dire qu’elle n’était pas dans sa chambre. Mes gens assuraient qu’ils ne l’avaient pas vue sortir. On trouva enfin une fenêtre du rez-de-chaussée ouverte ; les souliers d’Antonia, déposés au pied de cette fenêtre, éclaircirent mes doutes, car cette étrange fille saisissait toutes les occasions de courir sans chaussure avec un habillement de femme du peuple qu’elle s’était composé elle-même. Voici ce qui arrivait :