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On reproche beaucoup aux grands seigneurs génois de vivre ainsi enfermés et d’amasser de la mélancolie et de l’argent ; mais il faut considérer que dans le temps où ils vivent, leurs beaux noms sont une charge accablante. Qu’ont-ils besoin d’un immense palais, que soixante laquais animeraient à peine, lorsqu’il ne s’agit pour eux que de prendre le café le matin et d’aller écouter Donizetti le soir ? Le sentiment de leur déchéance blesse leur orgueil, et ils boudent contre ce siècle décoloré. Ils n’ont pas comme chez nous la ressource de briguer la députation et de faire d’aussi méchants discours que des avocats. Je suppose qu’on leur rende demain leurs vieilles institutions et qu’on les appelle au sénat ; vous les verriez alors sortir de leurs réduits, ouvrir les galeries et passer devant les figures de leurs aïeux, suivis d’un cortège d’amis et de créatures, et peut-être trouverait-on encore parmi eux des André Doria et des Ambroise Spinola.

Le malheur de la noblesse génoise et de l’Italie entière tient à l’esprit exclusif que les