Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/27

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républiques et les petits duchés d’autrefois ont laissé après eux. Le sentiment patriotique est renfermé dans les murs de la ville. Hors de là, on n’a que des antipathies ou de vieilles rancunes. On se glorifie encore de la destruction de Pise , de la guerre contre les Vénitiens, comme si c’était une affaire d’hier. Le Génois déteste particulièrement le Piémontais , dont il est détesté. Sienne et Florence ne se sont pas encore pardonné leurs anciennes querelles. Bologne et Ferrare ne s’aiment point. Rimini est jalouse des grandes villes. Le Napolitain abhorre le Sicilien et en est méprisé. Dans Rome même, ceux qui habitent un côté du Tibre méprisent les habitants de l’autre rive. La division matérielle est une juste conséquence de la division morale. Si demain la ville de Marseille voulait saccager celle de Lyon, si elle armait cent trente galères contre Bordeaux, comme Gênes contre Venise ; si le Havre voulait incendier Dunkerque, avant dix ans la France serait invahie et partagée par les autres puissances de l’Europe. Il serait curieux