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Nous étions au jour de l’Annonciation. Antonia, égarée par la crainte du couvent et l’envie de se marier, s’était souvenue de la cérémonie de l’Annonciade et de ses droits d’enfant trouvé. Elle avait pris la fuite, vêtue de son costume populaire. Par malheur, la sœur Sant’-Anna n’était pas à l’hospice quand elle y entra. Le cachet de plomb qu’Antonia portait encore à son cou lui servit à se faire reconnaître pour une trovatella. On lui permit de se ranger parmi les filles à marier, et lorsqu’elle parut dans la cour de l’hospice, les épouseurs, frappés de sa beauté, applaudirent en s’écriant :

— Bénie soit la mère qui l’a mise dans la buca !

Tous voulaient avoir la charmante trovatella. Deux garçons lui jetèrent en même temps le mouchoir, l’un barbier à Fuori-di-Grotta, l’autre macaronaro à Portici. Une bataille en serait résultée, si on n’eût apaisé les prétendants en laissant le choix à Antonia. Elle donna la préférence au petit barbier, et