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terre, la patience, la douceur et la sobriété ne font qu’attirer les mauvais traitements, les coups et la misère. Ma conscience n’était pas tranquille quand j’avais été cause de quelque iniquité à l’égard d’un animal. Cependant le nom de Meneghe, prononcé dans le groupe des âniers, réveilla mes souvenirs, et afin de parler à l’ancien amoureux d’Antonia, je montai sur son âne, après avoir fait un marché avec lui pour aller déjeuner à Massa. Meneghe témoigna d’abord de la répugnance à revenir sur ses aventures, et j’en augurai bien, dans l’idée qu’il aimait encore sa maîtresse infidèle. La promesse d’un regalio lui délia la langue. Il me raconta ses amours d’une manière risible, à son point de vue de paysan. Je lui demandai si cette affaire lui avait laissé beaucoup de regrets, et il soupira sans vouloir répondre.

— Ce garçon-là, pensai-]e, doit avoir le cœur sensible.

En arrivant à Massa, je déjeunai sous un berceau de vignes, tandis que Meneghe man-