Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 259 —

Meneghe tenait à la main un bouquet de fleurs, il me l’offrit pour rompre l’entretien.

— Il faut me répondre, poursuivis-je ; est-ce que tu aimes encore Antonia ?

Meneghe saisit l’âne par la queue en poussant un cri sauvage, et l’infortuné animal fit une traite d’une lieue au galop, toujours harcelé par son maître. Je retournai ainsi promptement à Sorrente. Arrivé sur la place, je renouvelai mes questions.

— Gnor, répondit enfin Meneghe, è fenutto pe me.

— Je te donnerai deux carlins de plus, lui dis-je alors, si tu me parles sincèrement ; pourquoi dis-tu que tout est fini pour toi ?

Pecchè trovarrò na moglie, maje danaro e giubbettino colle sciure. Parce que je trouverai bien une femme , mais jamais d’argent ni de gilet à fleurs.

C’était sa belle toilette qui lui tenait au cœur. Mes doutes étant suffisamment éclaircis, je laissai là ce misérable ciucciaïo pour aller voir la maison du Tasse.