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Français , nous sommes à peine arrivés dans une ville, que nous perdons de vue le but proposé. Nous sommes touchés de la bienveillance qu’on nous témoigne ; nous faisons amitié avec les gens, et, Dieu me pardonne ! nous allons quelquefois jusqu’à nous brûler aux flammes d’une paire de beaux yeux. Alors nous manquons à l’itinéraire réglé d’avance ; nous séjournons six mois où l’on ne doit rester que huit jours, et quand il faut absolument partir, nous avons le cœur serré, la larme à l’œil, et nous oublions à l’auberge notre manteau de caoutchouc.

Ainsi ai-je fait le 8 avril dernier , lorsque je suis monté à cinq heures du soir sur le bateau le Mongibello, qui partait pour Messine par un temps magnifique. Le soleil s’abaissait vers l’île de Procida ; le Vésuve se colorait de rose, et portait sa fumée sur l’oreille comme un plumet. La méditerranée, vêtue de sa robe d’indigo dont les plis semblaient légers comme ceux de la mousseline, n’avait pas la force d’effacer le large sillage du bateau. Déjà les mai-