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dont j’avais rencontré par hasard le point sensible. Il me proposa de vider avec lui quelques verres de marsala, madère de la Sicile, et dont les bateaux à vapeur de l’Italie sont toujours approvisionnés.

À l’arrière du Mongibello était une galerie élevée sur laquelle une jeune fille se promenait seule depuis notre sortie du port. À la mise, à la blancheur de la peau et à l’expression un peu froide de la physionomie, il était aisé de la reconnaître pour une Anglaise. Des traits d’une finesse exquise, des cheveux blonds dont le zéphyr de l’Afrique s’amusait à déranger les boucles, une taille de sylphide enveloppée d’un burnous en étoffe légère, et je ne sais quoi de transparent et d’aérien répandu dans toute sa personne, faisaient de cette petite miss une créature vraiment poétique. Je m’étonnais de la voir ainsi seule, et je lui cherchais une famille parmi les passagers, lorsque mon énorme voisin lui cria dans sa langue :

— Vous ne venez pas vous asseoir, Nancy ?