Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 293 —

cent des feux volcaniques comme ceux de l’Etna. Elles vous regardent l’étranger avec un air intrépide que les organisations de l’Occident ne supportent pas sans peine. La jeune fille catanaise ne s’arrête pas à une modestie de convention. Pour peu que vous excitiez sa curiosité, elle la satisfait, dût-elle pour cela braquer sur vous ses prunelles siciliennes pendant un quart d’heure. Après avoir été déconcerté plusieurs fois, je voulus un jour prendre mon grand courage , et mesurer jusqu’où irait la force du regard d’une jolie dame assise à son balcon. Je jouai le même jeu qu’elle. Nous nous regardâmes indéfiniment, et nous y serions encore si une autre personne ne fût venue se mettre en tiers sur le balcon. Il m’eût été plus facile de faire baisser les yeux au lion du Jardin des Plantes. L’apparence monacale du vêtement ajoute encore à la puissance du regard des Catanaises ; on s’approche avec un certain respect, comme si on voyait une nonne de quelque ordre austère, et au lieu de la pudeur religieuse , on