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vraisemblablement dans quelques années il n’y en aura plus nulle part, même en Chine, où les Anglais sauront bien introduire l’ingénieuse queue de morue et le chapeau de carton. Les femmes de Catane ont pourtant un costume particulier qu’elles n’ont jamais voulu quitter, malgré l’empressement du reste de la Sicile à adopter les modes du continent. Les Catanaises portent une grande mante de soie noire qui les enveloppe entièrement comme un domino. On ne leur voit que le visage et le bout des pieds. Celles qui sont bien faites savent habilement marquer la taille, en croisant leurs bras par-dessous cette mante, et comme la jeunesse et la beauté sont choses de résistance, on les distingue aisément à travers les plis de ce vêtement mystérieux. De loin ces femmes semblent aller en procession au convoi des générations englouties par les catastrophes ; mais elles n’ont de funèbre que l’écorce ; au fond de leurs capuchons brillent des yeux sarrasins dont les paupières ne s’abaissent jamais, et qui lan-