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portait guère que le morceau fût bien ou mal choisi. Il m’a toujours semblé que la symphonie et les orgues donnaient une espèce d’ivresse intellectuelle. Si on pense aux personnes qu’on aime, on les aime davantage ; si on se rappelle une circonstance de sa vie, elle vous revient à la mémoire si vivement, qu’on ne distingue plus le passé du présent. Les émotions se succèdent rapidement, et quelquefois elles suivent par une espèce de logique la marche du morceau, comme si dans votre âme certains sentiments répondaient à chaque modulation harmonique. C’est un état délicieux où on voudrait demeurer longtemps ; mais ordinairement, une fois le calme revenu, on se retrouve plus faible qu’auparavant. Miss Nancy était de mon avis, et me confessa qu’elle avait été fort remuée par l’orgue des Bénédictins.

— La musique, lui dis-je, n’est pas la seule chose qui puisse ranimer agréablement les souvenirs. Il peut suffire de la compagnie d’une personne amie dont l’intérêt réponde