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vières dans des bateaux avariés, et traversé le village de Lagnone, composé de six maisons, nous perdîmes de vue toute trace de chemin. Nous marchâmes pendant trois heures, tantôt dans l’eau de la mer, tantôt à travers champs dans les landes, les joncs ou les broussailles. Un pont cassé nous arrêta. Il fallut descendre au bord d’un torrent et le sonder avec des perches. Nous prenions patience en écoutant des rossignols qui faisaient assaut de chansons. Tout à coup mon compagnon poussa un cri et se trouva étendu dans l’herbe. Son mulet l’avait déposé mollement par terre et se roulait sur le dos. Le seigneur anglais, indigné de ce procédé, ne voulait pas se relever que le guide ne l’eût vu dans la position fâcheuse où l’avait mis cette vilaine animal. Sauf ce petit accident, beaucoup de retards imprévus, assez de fatigue, et un soleil accablant, le voyage alla le mieux du monde jusqu’à Priolo, où nous entrâmes à la nuit.

Il faut avoir dormi sur les routes de la Sicile pour bien savoir ce que c’est qu’une mauvaise