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moins sensible en Sicile. Syracuse est une des villes les plus réellement antiques qui soient au monde. Les habitants n’ont plus la pétulance moderne de ceux de Catane. La blancheur des visages, la hauteur des tailles, et surtout le type grec des traits, prouvent que le sang de la Sicile antique a résisté à l’occupation des Sarrasins. Les physionomies sont intelligentes et un peu dédaigneuses. On reconnaît volontiers le public indolent qui raillait les philosophes et couronnait les poètes. On retrouverait encore les descendants de ces soldats syracusains qui rendirent la liberté à des prisonniers athéniens en leur entendant réciter des scènes d’une pièce nouvelle d’Euripide. Le profil bien connu des médailles de Syracuse se rencontre à chaque pas sur les épaules des femmes du peuple. Les jeunes filles, en allant deux par deux chercher de l’eau, s’appuient l’une sur l’autre et portent des vases sur leurs têtes avec une grâce qu’elles n’ont pourtant pas étudiée sur les bas-reliefs antiques. Les laveuses de la fontaine Aréthuse, presque entièrement nues, sont