Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/341

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On se mit à table et on mangea de bon appétit. Les jeunes gens, animés par le plaisir, jouèrent à cette guerre d’esprit qui a du piquant dans notre dialecte, et où l’amour suit quelquefois la malice de fort près. Agata riait de ce rire qui enivre les fillettes , et qui a donné lieu au proverbe : Bouche qui rit veut un baiser. Zullino n’eut cependant pour toute faveur qu’une rose portée par sa danseuse, et on se sépara vers le carillon de minuit.

Ce n’était pas un grand seigneur que le bon Zullino. Son père, fort mauvais menuisier, n’avait pu faire de lui qu’un ouvrier peu habile. Quelques baïocs, péniblement gagnés à raboter des bancs et de méchants escabeaux, les menaient tous deux à la fin de chaque semaine ; le bout de l’année se trouvait ainsi arrivé sans qu’on pût dire comment. La pauvreté ayant toujours été leur fidèle associée, ils étaient habitués à sa compagnie, et ne se doutaient pas qu’elle fût considérée par certaines gens comme un malheur. Le lendemain du bal improvisé, Zullino était à l’ouvrage dès le point