Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 332 —

reculant quand le pied de l’autre avançait. Les castagnettes marquaient la mesure. Zullino se déhanchait à se rompre l’échine, et Agata, la tête en arrière, faisait voler en l’air son tablier. Au bout d’une demi-heure, ils dansaient plus vigoureusement que jamais, et les yeux de la toppatelle lançaient des lueurs comme des épées de combat. Les joyeux instruments de musique finirent par tomber des mains de l’orchestre, et les danseurs s’aperçurent alors de la fatigue. Agata se jeta sur une chaise, et Zullino se coucha tout de son long sur la table.

— Seigneur, dit la jeune fille, après vous avoir donné le bal, il faut vous offrir aussi le souper. Voici d’abord une nappe blanche, un bon morceau de pain, des amandes, une fiasque de vin del Greco, et tout à l’heure je vous servirai une salade que je vais chercher au jardin.

— Signora, répondit le garçon, si vous cueillez la salade vous-même, et si vous versez le vin dans mon verre, le roi ne soupera pas si bien que moi.