Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/344

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vous sembler étranges, monsieur le Français, à vous qui venez d’un pays où ce sont les fortunes qui se marient plutôt que les personnes, et où le beau mot d’intérêts matériels a remplacé tous les sentiments ; mais il faut considérer que nous sommes sous le trente-septième degré, dans la patrie de Théocrite et d’Archimède, et par conséquent bien éloignés des lumières. Le père ne trouva donc pas d’objections à faire, quoiqu’il en eût grande envie ; Zullino vint assidûment passer les soirées auprès de sa maîtresse, et on s’apprêtait à publier la nouvelle du mariage prochain, lorsqu’un petit incident dérangea les projets.

En face de la boutique du tailleur demeurait un homme qui s’était enrichi dans le commerce de soieries de Catane. Cet homme découvrit à quarante ans qu’il lui fallait une femme pour mener sa maison. Don Benedetto, c’est ainsi qu’on le nommait, mit un pantalon de nankin tout neuf, prit sa montre à breloques, et sortit de chez lui en manches de chemise, avec un chapeau de soie bien luisant à la fa-