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çon de Paris. Dans cette toilette d’un négligé savamment mélangé de luxe, il vint poser ses deux coudes sur le bord de la fenêtre où travaillait le petit tailleur.

— Savez-vous, dit-il, ce que j’ai fait depuis dix ans que je tiens mon commerce ? Non, mon voisin, vous ne le savez pas. Regardez-moi un peu là, entre les deux yeux. Vous voyez un homme qui a gagné plus de vingt mille, plus de trente mille écus, et davantage. Cette année, je voulais avoir une maison dans la montagne pour la villégiature : j’ai fouillé dans la sacoche, et j’ai eu la maison. Demain, si je voulais avoir un cheval, je fouillerais à la sacoche, et je l’aurais. Ma cuisinière me fait le dîner à midi : quatre plats, les pâtes, les légumes, l’humide et les fruits ; eh bien ! quand je me sens de l’appétit le soir, je vais à la locanda et je mange. Comment appelez-vous un homme qui vit de la sorte ?

— Je l’appelle un homme heureux, répondit le tailleur, et de plus un homme riche.

— Cela n’est pas mal répondre ; je suis riche