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l’oncle de Zullino, qui les reçut à merveille.

La folie d’Agata ne l’empêcha pas de sentir la nécessité de mettre son honneur en sûreté par un mariage. Lorsque le curé de Lentini refusa d’unir ensemble deux jeunes gens qui ne pouvaient satisfaire à aucune des formalités préalables, la fille du tailleur se trouva un peu déconcertée. Heureusement ce curé était un homme bon et indulgent qui prit en compassion cette brebis égarée. Il lui conseilla de ne point demeurer sous le même toit que son amant, et la recueillit chez lui, en promettant de travailler à une réconciliation générale. Agata se plaisait beaucoup à Lentini. Elle tenait compagnie à Zullino, qui travaillait avec ardeur à fabriquer des tonneaux pour la vendange prochaine. On parlait peu, on se regardait souvent, et on chantait des barcaroles à deux voix. Un beau jour, le petit tailleur, sur un avis du curé, partit de Catane et se présenta tout à coup devant sa fille.

— Ingrate, lui dit-il, tu ne reviendrais donc jamais si je ne courais après toi ?