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et une vieille marchande d'oranges m’indiqua enfin le palais D***. À peine avais-je monté la première marche de l’escalier, qu’un chien de garde énorme me coupa la retraite et se mit à hurler après moi en montrant ses dents. Un domestique arriva fort à propos le prendre par le collier. Je demandai le marquis D***. On me fit entrer au premier étage. Là, j’expliquai le but de ma visite, et tandis qu’on portait ma lettre et qu’on demandait s’il plaisait au patron de me laisser regarder les tableaux, je restai seul dans une vaste antichambre poudreuse et noire, mais ornée de belles fresques. Trois bouledogues attachés au pied d’une grosse table se réveillèrent alors, et voyant un inconnu, se mirent en devoir de le manger.

À force de tirer leurs chaînes en aboyant, ils faisaient avancer la table par secousses, et avec une vitesse qui commençait à m’inquiéter, lorsque le valet de pied rentra et m’ouvrit la porte de la galerie. Les trois quarts des tableaux étaient conformes au caractère des