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commencèrent une troisième fois, ce qui mit le roi de France dans une grande colère. Louis XII, qui avait le cœur bon et magnanime, devenait cruel quand la mesure de sa clémence était dépassée. Dans son emportement il jura d’exterminer les Génois avant la fin de l’année et de livrer à ses soldats leurs immenses richesses. En effet, il passa les Alpes immédiatement, battit les troupes de la république et les poussa l’épée dans les reins jusqu’aux portes de la ville. Il aurait fallu voir à ce moment critique le doge et les sénateurs se regarder entre eux dans la salle du grand conseil, au-dessous de l’orgueilleux tableau de la destruction de Pise. Leur fierté était abattue, leurs mains tremblantes, leurs yeux voilés par les larmes, et comme ils ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes, la honte, la douleur et la consternation fermaient ces bouches si promptes à conseiller des révoltes et des manques de foi. On envoya tout de suite une députation des plus notables porter au vainqueur des paroles de soumission ; mais le roi ne vou-