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de France, qui passait pour la plus généreuse du monde. Elle assura que, s’il était impossible de fléchir la colère du roi, elle voulait partager le sort de sa famille et mourir avec ses compatriotes, pourvu que ce fût sans infamie. Le roi répondit que les Génois l’avaient trompé deux fois, et qu’il pouvait se montrer une fois inflexible sans craindre pour sa gloire.

— Ah ! sire, s’écria Tomasina, et nous autres pauvres filles, serons-nous les seules au monde qui ne pourrons pas admirer la clémence de votre majesté ?

Louis XII n’eut pas la force de passer outre. Il commanda aux jeunes filles de se relever et déclara qu’il venait de recevoir une leçon dont il profiterait. Deux heures après cela, dans la grand’salle du palais ducal, il pardonna solennellement à la république et donna le baiser de paix et de réconciliation sur les joues de Tomasina, après avoir tendu sa main au doge. La fille du marquis Spinola, dans la fleur de sa jeunesse et belle comme un ange, avait inspiré au roi un sentiment plus tendre