Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/57

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maison où se voit le tableau. Le marquis voulut bien me raconter en peu de mots la légende tragique qui se rattache à cette peinture. Pellegrino Piola naquit à Gênes vers la fin du <span class="romain" title="Nombre xvi écrit en chiffres romains">xvie siècle. Il s’en alla étudier à l’académie de San-Luca de Rome, et en sortit bientôt, mécontent des prétendus maîtres qui corrompaient alors le goût public et prouvaient combien le sentiment du beau s’éteignait en Italie. La décadence s’opérait sans que rien pût l’arrêter. Ce n’était plus le temps où les artistes luttaient ensemble par de bons ouvrages ; la jalousie divisait le peu de gens de talent qui restaient encore, et au lieu de se surpasser entre eux, ils cherchaient à se défaire de leurs rivaux par le duel ou l’assassinat. Pellegrino laissa les novateurs se quereller sur les ruines de leur art, et il étudia les anciens maîtres, le vieux Pinturicchio , le Pérugin et son divin élève Raphaël, puis il revint à Gênes sans avoir voulu s’attacher à aucune école. Il exposa d’abord dans son atelier une Sainte Famille, que les connaisseurs reconnurent aussitôt pour un