Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/79

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instant la violence de ce forcené. Il témoigne son hésitation et sa contrariété par l’écart prodigieux de ses jambes, puis il fait vingt-sept fois le tour du théâtre en moins d’une minute et revient décidé à passer outre. Alors sa mère, dans l’intention de lui dire : « Tue-moi plutôt que de consommer ton crime, » le prie de tirer son poignard ; lui prend la main armée entre les siennes , et dirigeant la pointe du poignard sur son propre cœur, elle pousse et retire l’instrument dix fois de suite, et ils se balancent ainsi tous deux comme des pagodes de porcelaine. L’amour triomphe encore dans l’âme du tyran, et la mère, poussée à bout, lève ses deux bras en l’air ; un coup de tamtam part de l’orchestre : c’est la malédiction maternelle. Zamoski épouvanté s’allonge comme un serpent ; ses mains atteignent la coulisse et ses pieds sont au milieu de la scène. Floreska, provisoirement sauvée, tombe évanouie par terre. Sur ces entrefaites, un messager arrive : c’est Edwinski déguisé ; il ne peut plus dissimuler en voyant son épouse sans