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qu’en doublant la pointe de Procida, j’aperçus pour la première fois le véritable golfe de Naples. Je fus obligé de reconnaître que j’avais fabriqué à mon usage un Vésuve d’invention, une île de Capri ad libitum, une Ischia factice, un faux cap de Misène, une Chiaja manquée, une Portici plein d’erreurs et un Naples incomplet. Tout en adoptant la réalité avec enthousiasme, j’éprouvai aussi quelques regrets en disant adieu aux chimères dont je m’étais nourri pendant bien des années.

Sur le bateau le Léopold, j’avais trois compagnons de voyage qui en étaient au même point que moi. L’un d’eux. Espagnol de qualité, fuyait les bombes de Barcelone ; le second, gentilhomme bolonais, voyageait pour son plaisir, et le troisième, jeune Piémontais, espèce de Sancho Pança bon vivant, s’en allait à Constantinople.

Nous avions résolu de nous loger tous dans la même maison. Notre débarquement fut la chose la plus grotesque du monde. Trois facchini auraient suffi pour porter nos bagages ;