Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/10

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raient pu tenir deux cents personnes, le tout pour un prix si modique qu’on aurait peine à m’en croire. Le comte de M… partagea mon appartement, qui sans lui m’eût paru d’une grandeur à donner le cauchemar. Nous employâmes notre première soirée à faire des projets de voyage. J’étais pressé de voir Palerme, et M… ne songeait encore qu’à Syracuse. Il me fallut lui donner un congé de deux jours pour satisfaire son envie. Comme il était bon marcheur, il crut parer à l’inconvénient des mauvais chemins par l’excellence de ses jambes. Il n’écouta mes avertissements que d’une oreille, et aussitôt qu’il eut acheté une paire de gros souliers bien larges, il se mit à tourner rapidement autour de la chambre en s’écriant qu’il voulait partir. Midi venait de sonner quand il sortit de Catane à pied, suivi d’un enfant de douze ans monté sur un mulet. C’était s’embarquer trop tard de six heures pour arriver à Syracuse avant la clôture des portes. Des nuages s’amoncelaient sur les montagnes et promettaient de la pluie. Le