Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/11

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souvenir des gîtes siciliens me revenant à l’esprit, je tremblai pour l’imprudent M…, et je comptai sur ce petit voyage pour calmer son humeur vagabonde, et le remettre à mon niveau.

Si par hasard on m’a soupçonné d’exagération dans le récit de mes infortunes, on verra par les aventures du comte de M…, ce que c’est qu’une excursion à Syracuse. À peine l’intrépide marcheur eut-il passé le village de Lagnone qu’il reçut une de ces averses méridionales où le ciel semble vouloir écraser la terre. Ce sont des revanches que prennent les nuages après de longs intervalles de chaleur et de sécheresse. M…, résolu à ne s’effrayer de rien, franchit comme un trait buissons, fossés, rochers et bras de mer, toujours infatigable, et de plus en plus enchanté de ses souliers. Cependant la nuit la plus obscure vint se joindre au mauvais temps pour rendre la situation tout à fait périlleuse. De Lagnone à Priolo la distance est de quinze milles, et on ne trouve pas un abri dans ce désert. Ne