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colotti. Voilà une véritable Vénitienne du bon temps de la magnifique seigneurie. Le peuple chante plusieurs chansons dont cette guerre civile des gondoliers est le sujet. On m’avait tant annoncé une ville morte que j’ai été fort surpris de voir Venise encore animée ; cependant beaucoup de monde était à la campagne, et l’Opéra ne donnait pas de représentations. Quoique nous fussions au mois de septembre, la chaleur était extrême. On se promenait pendant toute la nuit. Les cafés de la place Saint-Marc avaient enlevé leurs portes et ne se fermaient jamais. Il m’est arrivé plusieurs fois de sortir du lit à trois heures du matin pour aller prendre des glaces, et de trouver une réunion nombreuse de consommateurs qui jouaient aux cartes pour tuer le temps comme s’il eût été midi.

Les Italiens ont conservé le goût de tous les arts ; mais le besoin d’admiration qui les tourmente ne laisse pas à leur jugement assez de liberté. Lorsqu’on tombe dans une exposition de peinture, on est effrayé de la disette des