Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 43 —

Qu’est-ce que le sentiment religieux selon vous ?

— C’est la morale.

Les bras me tombèrent d’étonnement. Je pensai cependant qu’une personne d’esprit peut avoir un moment d’aberration, et je repris courage.

— Excusez-moi, répliquai-je ; il me semble que vous vous trompez. La morale s’apprend, et le sentiment religieux est inné. Un philosophe est quelquefois un homme fort moral et manque de religion.

— Moi, je l’appelle un homme plus religieux que le dévot sans morale.

— Vous le pouvez ; cela ne fait de mal à personne ; mais les mots ont un sens qui leur appartient en propre et dont on ne les déshérite pas sans qu’ils l’aient mérité.

J’attaquai mon homme sur un autre chapitre, ne pouvant me résoudre à croire que sa conversation ne fût d’aucun fruit.

— Les Siciliens, lui disais-je, ont un carac-