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Les malheureux pour qui ses prières n’ont rien obtenu finissent par s’en prendre à elle de son peu de crédit et lui reprochent sa dureté en termes hardis. La Madone reçoit certaines apostrophes qui sembleraient injurieuses si le désespoir ne leur servait d’excuse. Des femmes qui ont apporté déjà leur enfant malade l’année précédente le rapportent plus pâle et plus languissant encore, le montrent à la Vierge et demandent d’où vient qu’elle n’a rien fait pour elles. Des orphelines échevelées gémissent au pied de l’autel. Des paysans parlent à l’image avec une éloquence sauvage et passionnée. J’ai vu une femme du peuple lever en l’air un enfant de cinq ans contrefait et rachitique , fondre en larmes et s’écrier avec une voix touchante : « Hélas ! divine Marie, tu as fait des miracles pour tant de monde, tu as guéri et sauvé tant de gens, qu’on ne peut plus les compter, et tu ne veux rien faire pour mon pauvre garçon ! »

Un vieux paralytique, porté sur les larges épaules de ses deux fils, tâchait de séduire la