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Ah ! che maraviglia ! s’écrie le Carthaginois sortant du fossé. Che bel ponte !

— Quoi ! signor Français, disent les quatre voyageurs, vous n’avez pas bougé de la voiture ! Cette indifférence est incroyable.

Ils se regardent entre eux d’un air moqueur. Comme ils allaient prendre mon indifférence pour de l’affectation, je me donne le plaisir de leur apprendre qu’en France nous avons plusieurs centaines de ponts en fer, et que sur le Rhône seulement on en voit quinze ou vingt, dont un, celui de Tarascon, a plus d’un demi-mille italien de longueur. Là-dessus on m’accable de questions ; on bat des mains , on se récrie, on admire, on envie la France, et je vois des larmes d’enthousiasme dans tous les yeux, ce qui flatte mon orgueil patriotique, vu la distance où je suis de mon pays. Ces mêmes gens qui avaient fait une halte si longue pour un petit pont, n’ont garde de bouger pour les belles ruines de l’aqueduc de Minturne, situé à la frontière du Latium. Il y avait quelques marais au bord de la route.