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LA PERSE ET LA GRÈCE.

nérations. Alors Yma marcha vers les étoiles, et il fendit l’extrémité de la terre d’un si rade coup de sa lance d’or, qu’elle s’écarta sous le choc et devint plus grande d’un tiers qu’elle n’était. Une rallonge lui parut encore nécessaire ; il la frappa de nouveau, et elle doubla d’étendue. — « Alors — dit le Vendidad — les bœufs, les bêtes de somme et les hommes ont marché en avant à leur fantaisie et comme ils l’ont voulu. »

Au cinquième siècle avant notre ère, les Rois de Perse avaient presque réalisé l’exploit fabuleux attribué à leur grand ancêtre ; leur lance avait ébranlé et conquis la terre. L’Empire démesurément agrandi par Cyrus, encore accru par Cambyse, dominait le monde. En dehors de la Perside et de la Médie, il possédait, à l’état de nations sujettes, la Babylonie, la Lydie, la Phénicie, la Judée, la Syrie, le Cappadoce, la Thrace, la Phrygie, la Cilicie, la Paphlagonie. La Bactriane et le Petit Thibet l’enfonçaient dans l’Inde, l’Égypte était une de ses provinces, la Grèce asiatique de l’Asie Mineure et de l’Ionie lui appartenait. Avec Chypre, Samos, Chio et Lesbos, il s’était emparé, dans la Méditerranée, des pierres du gué maritime qui menait aux rives de l’Occident. Le colosse couvrait l’Asie, entamait l’Afrique, et, par la mer, allongeait déjà son pied sur l’Europe. L’écart de ses frontières allait de l’Hellespont à