et d’Héra, la victoire d’Apollon sur le Dragon pythien, les combats et les exploits des Dioscures. Le drame naissant se mouvait, comme l’enfant, avant de parler.
D’une autre part, il prélude en Sicile par les répliques des bergers chantant et dansant leurs cantilènes alternées. Le dialogue balbutie dans les inflexions de voix diverses que le rapsode qui récite au peuple les poèmes homériques, pour le salaire d’un agneau, prête aux querelles des chefs, aux interpellations des guerriers, aux reparties des festins. L’Iliade est pleine, l’Odyssée est grosse de scènes toutes prêtes à se détacher du récit pour revivre de leur vie propre. L’Épopée, porte la Tragédie et la Comédie, comme deux fruits jumeaux, et on les entend vagir dans ses vastes flancs.
Mais tous ces germes et toutes ces ébauches n’auraient pu suffire à engendrer le drame formé et complet, doué de l’action qui saisit et de l’illusion qui entraîne. L’habitude nous a blasés sur les efforts d’esprit qu’il suppose. Nous entrons de plain-pied dans le cercle magique où le théâtre opère ses évocations, depuis tant de siècles, sans nous rendre compte du prodige qui l’a tracé et qui l’a rempli. Quelle conception pourtant plus hardie et plus étonnante ! Le passé qui redevient le présent, des fantômes reprenant leurs corps, des légendes immé-