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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/159

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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

Dé Mêter — adorée par la Grèce sons ce titre auguste, dut tressaillir en recevant ces victimes étouffées dans ses flancs sacrés.

À Doriskos, dans une vaste plaine de la Thrace, l’armée de terre avait été comptée pour la première fois. La dénombrer tête par tête étant impossible, une sorte de métrique grossière fut inventée pour l’additionner. On mesura littéralement au boisseau cette récolte d’hommes. Dix mille soldats furent rassemblés et serrés en bloc, de manière à former un groupe autour duquel on traça un cercle : sur ce cercle on bâtit un mur à hauteur d’appui. Toute l’armée vint s’agglomérer dans son enceinte, myriade par myriade. Ce calcul massif donna un total de dix-sept cent mille fantassins et quatre-vingt mille cavaliers. On n’y compta ni les chameaux, ni les chars de guerre qui, joints aux équipages des douze cents trirèmes, portaient l’armée à deux millions trois cent dix-sept mille combattants. Mais les affluents des peuples recrutés et enrôlés sur son cours grossissaient encore ce torrent de guerre une populace tumultueuse d’eunuques et de concubines, de cuisiniers et d’esclaves, versait sur ses flots son écume. Les meutes mêmes ne manquaient pas à la curée promise ; des bandes de chiens indiens suivaient sa piste en hurlant. Rien d’humain ne semblait devoir tenir contre ce déluge du nombre chargé des ouragans de la