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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/173

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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

sane ; sa renommée éblouissait le monde comme le dieu qui le possédait. Quel butin olympien, quel coup de main magnifique ! S’emparer de Delphes, pour les Barbares, c’était quelque chose comme piller le Soleil.

Les Delphiens questionnèrent l’Oracle. Fallait-il enfouir ou emporter ces richesses sacrées ? Apollon leur défendit de les déplacer, disant qu’il saurait bien les garder lui-même. Le Dieu descendit la nuit, dans son sanctuaire, et le remplit de son souffle. Le matin, Acératès, son prophète, vit devant la porte les armes votives suspendues à la voûte de la cella, et qu’aucune main sacrilège n’aurait osé décrocher : elles étaient venues s’y ranger d’elles-mêmes, comme des guerrières accourues à l’appel d’un chef. Quand les Perses approchèrent, l’Archer divin apparut sur la double cime du Parnasse, armé de l’éclair et de l’avalanche. Une foudre extraordinaire éclata sur les assaillants ; la montagne se fit catapulte et lança deux rochers énormes qui roulèrent à travers leurs rangs, en les écrasant par longues files. En même temps l’intérieur du temple retentit de ce cri que poussaient les dieux combattant sous les murs de Troie, et qu’Homère compare aux hurlements de dix mille guerriers rassemblés. Les Perses épouvantés s’enfuirent, poursuivis par les Delphiens qui firent de leur déroute un massacre. Phœbus avait