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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/18

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ESCHYLE.

Son avènement fut tardif ; Bacchus est le dernier venu dans la grande famille de l’Olympe. Il y arrive en retard comme un prince aviné qui se fait attendre au banquet royal où il est convié. Aucun Olympien ne le surpasse pourtant en noblesse divine. Bacchus remonte au foyer aryen ; il a jailli du suc du Soma, la plante fermentée, le vin de l’Asie, que les patriarches védiques versaient sur la flamme de l’autel pour attiser son ardeur. Né dans une coupe, comme il convenait à sa destinée, il personnifia la libation des sacrifices mêlée au feu — Agni — qu’elle alimente, ne faisant plus qu’un avec lui, allant porter au ciel, dans un tourbillon d’étincelles, les prières de l’homme et sa propre essence que boiront les dieux. Bacchus, dans sa gloire mythologique et mystique, n’égalera jamais la grandeur auguste que le Soma révèle dans cette religion primitive. Les hymnes du Rig Véda sont pleins de sa bienfaisance et de sa puissance. Il est le Médiateur et le Bienfaiteur, la vie du foyer, l’âme de l’holocauste, l’allégresse du corps, l’énergie de l’âme. Son suc cordial circule parmi les êtres comme une sève généreuse il nourrit la force des héros et la joie des dieux. — Un de ces hymnes nous montre Indra, le Roi solaire, l’archer de la foudre, enivré par Soma et l’on croit voir le Bacchus indien, tel que l’art grec le représentera si magnifiquement plus tard, la barbe ruis-