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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

raître indigne, vous qui connaissez l’âme d’Athènes. Il n’est pas assez d’or sur la terre pour nous faire prendre le parti des Mèdes contre la liberté de la Grèce. Les Grecs étant du même sang, parlant la même langue, ayant les mêmes dieux et les mêmes temples, quelle honte ce serait pour nous de trahir leur cause ! Apprenez-le donc, si vous l’ignorez : tant qu’il restera un Athénien au monde, nous ne ferons jamais alliance avec Xerxès. Nous admirons l’offre que vous nous faites de nourrir nos familles, et de pourvoir aux besoins d’un peuple dont les maisons sont écroulées mais nous subsisterons comme nous pourrons, sans vous être à charge. » — On croit voir le fier sourire d’Athènes refusant, avec les présents de Xerxès, les aumônes de Sparte.

Ce qu’elle lui demanda, ce fut de ne plus la sacrifier une troisième fois, et de couvrir l’Attique en Béotie, avec son armée, avant que les Perses eussent le temps d’y rentrer. Sparte promit et se parjura : confiante dans la parole des Athéniens, elle viola la sienne. Une fois rassurée sur le danger de leur alliance avec Mardonios, elle se retira avec ses alliés dans l’isthme de Corinthe, le ceignit d’une grande muraille crénelée, et s’y renferma sous le double abri de son apathie et de son rempart. Les Romains appelèrent plus tard « Tortue », Testudo, l’ordre de bataille d’une légion marchant à l’assaut, couverte